Comment affronter la mort ? Cette question semble se poser de manière particulièrement insistante dans les moments critiques où notre vie se voit mise en danger, mais en réalité elle ne nous quitte pas et nous accompagne de manière plus ou moins patente tout au long de notre existence. Comment ne pas voir en effet dans cette frénésie d’action qui meut tant de nos contemporains une pathétique fuite en avant face à ce qui inéluctablement les attend et dont ils croient ainsi obscurément retarder l’échéance ? La mort a pour eux le visage d’un événement à venir, dont les sépare encore une suite indéfinie de jours, et contre lequel il s’agit à tout prix de trouver une parade.
Nous cachons la mort, minimisant ainsi l’importance des rites funéraires qui rendaient possible le deuil. Nous voulons croire que la technique nous permettra d’en repousser les limites, nous jouons nous-mêmes à défier la marche du temps, ou au contraire à décider de notre propre fin. Pourquoi donc ne pas tenter au contraire d’assumer la mort ? Non pas la subir comme un échec, ou un scandale, mais la vivre comme le fondement même de notre existence ? Non pas nier la peur, voire l’épouvante, qui toujours l’accompagnera, mais regarder la mort comme une capacité de l’homme, nullement incompatible avec la joie d’exister.