Ce roman à tiroirs se déroule sur le rythme du suspense de la préparation de l’élection présidentielle de 2022 dans la cellule d’experts la plus réputée et qui a déjà gagné trois présidentielles. C’est l’opportunité, grâce à l’auteur, très informé, de comprendre le fonctionnement de ces gourous mystérieux qui participent à la fabrication de ceux qui briguent les suffrages.
Des Gilets jaunes au mouvement Woke, toutes les tendances d’opinion sont brassées devant nos yeux par les analyses de ces spécialistes de la communication politique. Cela donne la sensation d’un rendez-vous à grand risque qu’ils décrivent eux-mêmes : « On n’a pas le choix. C’est une campagne pour nos gosses, pour ce qui nous a toujours animés. C’est, peut-être, tout autant, se retourner sur nous-mêmes, nos certitudes, nos arrogances et le bordel qu’on a semé. On se croyait ‘dandy’ de la révolution, ne finissons pas Gandhi de notre incurie. Il faudra sortir par le haut. » On croise aussi, dans un récit quasi autobiographique, les évocations de 68, ses enthousiasmes, ses excès et, surtout, ses conséquences. Pour cette raison, le livre commence de manière énigmatique : « Le soleil brûle l’asphalte d’idéaux. C’étaient aussi les miens. Ceux d’une génération exaspérante d’avoir tant espéré. »
Ce texte en appelle à l’humour parfois corrosif, aux descriptions très soutenues et aux émotions de personnages plein d’aspérités – des politiques qui concourent à la Présidence de la République
ou des faiseurs d’opinion aussi puissants que discrets. De toute manière, on referme le livre avec un regard plus acéré, des signes d’excitation intellectuelle et la gaîté d’instants de dérision salutaire.