La misère mentale, que l’on déplore jusque dans les sphères les plus élevées de la réussite sociale, gagée souvent sur les diplômes !, se manifeste par l’inaptitude, de nature ou de mauvais vouloir, à penser le monde et l’expérience humaine selon une authentique exigence de vérité. Néanmoins, surtout à l’occasion des épreuves les plus douloureuses, et à l’approche de la mort, peut se produire un sursaut de conscience ; mais il est alors trop tardif pour modifier notablement le style global d’une existence. Les miséreux mentaux quittent la vie sans en avoir saisi le vrai sens, ils ont raté la destination humaine.
Aussi, nulle tâche n’est-elle plus urgente et impérative, aux yeux du philosophe, que celle de montrer comment la vérité de la destination humaine, telle que la pensée métaphysique la conçoit, résiste à toutes les objections que l’on peut tirer de la misère mentale, malgré son angoissante extension ; ce qui suppose un esprit de justice et une résolution de lucidité prêts à envisager des solutions fort éloignées de l’humanitarisme idéaliste et de la théologie de fraternité lénifiante…