Comment celle que son beau-père Louis XV avait affectueusement surnommée “la petite rousse” à son arrivée à Versailles en 1770 est-elle devenue “la rousse royale” sur une caricature diffusée en juin 1791 (fuite à Varennes) ? Est-ce en raison de mœurs, réelles ou fantasmées, puisqu’on traite successivement de “catin”, “tribade”, “Messaline moderne” une femme qui ne pouvait être qu’une “Nouvelle Médicis”, donc, à la fin, une “créature de l’Enfer” ? La légende noire de Marie-Antoinette est fondée sur des raisons politiques, car elle personnifiait un choix diplomatique honni, le traité d’alliance avec l’Autriche de Marie-Thérèse, signé lorsqu’elle n’avait qu’un an. Elle est donc une “garce autrichienne, fléau et sangsue des Français”, dont on observe sans se lasser tous les faits et gestes. La déroute finale de la monarchie et la Révolution française auraient-elles été causées par “Louis le traitre et sa putain”, “Madame Déficit”, “Madame veto” ? L’opinion publique a joué un rôle crucial dans le déclenchement et le déroulement de la Révolution française, les attaques contre la reine y occupant une place de choix. Elle-même n’est pas dupe puisque, dans une lettre à son frère Léopold, elle écrit qu’elle a perdu la guerre d’opinions qui lui est faite...