Le débat riche et diversifié que propose Suárez avec l’histoire de la métaphysique n’est pas sans effet sur la représentation que l’humain met en œuvre relativement aux limites de son savoir, à l’usage de ses facultés et aux conditions de légitimité de sa pratique. Selon cette perspective, la métaphysique détermine le socle des modes d’actualisation de la connaissance et de l’action et son histoire permet de mesurer la portée de son influence sur ces dernières. Elle a, en ce sens, une dimension performative comme expression de la structure d’une conduite opératoire pouvant être appliquée dans les sphères de la connaissance et de la pratique.
Deux perspectives distinctes de la philosophie seraient par là même rappelées par Suárez et dont il s’agissait d’effectuer la synthèse : la première – celle d’une sagesse à réactualiser (Sophia) – s’identifie originellement à la mise en présence de l’être à lui-même par la raison ; la deuxième implique un mode d’apparaître des hommes les uns aux autres dans un espace commun constitué par l’agir humain et établissant la possibilité d’exister publiquement (Philia). Tel est précisément le mérite, et non l’un des moindres, de l’interrogation sur l’histoire de la métaphysique que peut nous proposer Suárez.