Doit-on concevoir le droit comme une règle de conduite s’imposant à l’homme vivant en société, ou comme un attribut dont la volonté humaine serait dotée ? Cette question n’est évidemment pas la seule que Léon Duguit pose en direction des phénomènes juridiques. Elle fixe cependant le cadre, le fil conducteur de ses investigations. L’objectivisme juridique en faveur duquel ses travaux ne cesseront d’œuvrer, trouve ici sont fondement et le point de départ de son édification. Un tel établissement théorique est positif parce qu’il prend appui sur la positivité des faits sociaux. Duguit est positiviste parce qu’il se refuse à admettre autre chose que les données de l’expérience. Puisque toute science sécrète une ontologie et anticipe un savoir possible, le parti pris expérimental de Duguit le conduit à étudier le droit comme phénomène découlant des rapports sociaux. Son approche de juriste-sociologue, comme il se désigne lui-même, nous invite à rompre avec ce qu’il nomme le subjectivisme métaphysique du droit naturel. Emprunter les voies de l’objectivisme juridique tel que le conçoit Duguit nous offre non seulement la possibilité d’éprouver la pertinence d’une pensée, mais encore l’opportunité d’aborder le droit à partir de présupposés théoriques en rupture avec l’individualisme juridique.